Une nouvelle étude belge dénonce le nombre grandissant de nos adolescents âgés entre 12 et 18 ans qui sont accros aux paris sportifs. 1 adolescent sur 2 fait des paris sportifs. Ces chiffres sont hallucinants !
Et le Mondial de football qui a démarré ce mois-ci, ne va rien améliorer à la situation.
Comment expliquer ces chiffres ?
L’accès aux sites de paris sportifs est très facile. Et le nombre de publicités omniprésentes dans nos médias facilite l’accès de nos jeunes vers ces plateformes. Oui mais, l’âge minimal légalement requise pour parier en Belgique n’est-il pas fixé à 18 ans ? Si, mais aucun contrôle n’est effectué. Il est très simple pour un enfant de 12 ans de s’inscrire sur un site de paris sportifs et de se faire passer pour une personne de plus de 18 ans, car personne vérifie l’âge. Il suffit d’indiquer à l’écran qu’on a plus de 18 ans et les paris peuvent démarrer. Mises de départ accessibles pour les plus jeunes (avec 1€ on peut déjà placer un pari sportif), la facilité de paiement (paiement par le biais d’un GSM, d’une application sur une plateforme social tel que Facebook ou autre, carte de crédit de papa ou maman, …), la pression sociale (les copains le font, pourquoi pas moi ?), des promesses de gain vertigineux (avant le match Belgique – Panama, une plateforme de paris sportifs annonçait que en cas de victoire de la Belgique, chaque euro parié sur la Belgique rapporterai 60€ au parieur). Tous ces éléments contribuent à ce nombre grandissant de nos jeunes pris au piège. Car il s’agit bel et bien un piège pour nos adolescents, car les paris sportifs créent l’addiction aux jeux de hasard.
Un jeune de 13 ans en témoigne
Il a à peine 13 ans et en quelques semaines seulement, il a appauvri son père de 90.000€ en utilisant sa carte de crédit à son insu. Le père s’en est aperçu en recevant le décompte de sa carte de crédit. Cet argent s’est volatilisé en pariant sur des matches de football et sur des courses hippiques. Le garçon explique qu’il avait vu une publicité dans un stade de football. Intrigué, il s’est rendu sur le site internet en question et a cru qu’il allait gagner facilement de l’argent. Il a tout simplement fait une copie recto verso de la carte de crédit de son père et a démarré avec des paris d’une valeur de 5 à 10€. Et il a eu quelques gains qui lui ont fait monter la fièvre de l’argent facile et qui lui ont fait oublier les montants déjà perdus. Il a misé jusqu’à 3000€ sur un seul pari. L’adolescent a déclaré « Je ne savais pas que jouer pouvait devenir une dépendance comme fumer, boire ou se droguer ». « Je devais simplement mettre le nom, l’adresse, la date de naissance et les détails de la carte de papa et cocher une case disant que j’avais 18 ans », a-t-il ajouté.
L’addiction aux paris sportifs n’épargne personne
Contrairement à ce que certaines personnes pourraient croire, nos origines n’empêchent nullement un adolescent de devenir accro aux paris sportifs. C’est exactement ce qu’Arne Nilis (27 ans et fils d’un ex Diables Rouges) et Joeri Verbraeken (38 ans fils de docker) veulent faire passer comme messages en sortant de l’ombre. Car il faut le reconnaître, aucun accro aux paris sportifs ne veut s’afficher publiquement, de peur de se faire stigmatiser. Mais si personnes ne le fait, comment faire passer le message aux autres. C’est cette réflexion qui a poussé ces deux accros à vouloir témoigner.
Arne dis n’avoir manqué de rien dans sa jeunesse, bien au contraire. Quand a Joeri, c’est le contraire. Ses parents s’étaient divorcés et financièrement s’était pas facile. Tous deux témoignent qu’il est très facile de dissimulé pendant des années sa dépendance aux paris sportifs, contrairement à la dépendance à l’alcool ou la drogue.
Les deux protagonistes sont très clairs et fermes concernant la période du Mondial de football : c’est la période la plus lourde pour les parieurs sportifs ! Une personne avertie en faut deux.
A partir de quand parle-t-on d’une addiction aux jeux d’argents ?
L’addiction aux jeux d’argent et de hasard (payant) est caractérisée par un besoin incontrôlable de jouer à des jeux et plus particulièrement de miser de l’argent. On parle également de jeu problématique. Outre le caractère addictif des jeux d’argent, des problèmes financiers, moraux et sociaux peuvent être associés à cette addiction. C’est pourquoi il est important de la prendre en charge, le plus tôt possible afin d’en limiter les séquelles.
Lorsque la pratique du jeu dérive vers une pratique problématique, certains signes doivent vous alerter :
o Le mensonge : les personnes ayant un problème avec les jeux de hasard et d’argent ont tendance à vouloir le cacher à leur entourage, ils prétexteront faire d’autres activités, ou minimiseront les pertes…
o Un changement de comportement : le joueur peut devenir irritable, associable, voire violent avec son entourage.
o La volonté de « se refaire » : certains joueurs veulent retourner jouer, ou jouer toujours plus pour « compenser leurs pertes » et récupérer l’argent qu’ils ont perdu.
o Les emprunts d’argent : il arrive un moment où les joueurs n’auront plus suffisamment d’argent pour jouer, ils vont alors emprunter de l’argent à leurs proches.
o Lorsque le jeu amène au délit : le joueur peut être amené à voler de l’argent, réaliser des actes illégaux pour obtenir de l’argent pour jouer.
o Quand jouer est un « besoin » le joueur présente un « symptôme de sevrage » lorsqu’il ne joue pas : il devient irritable, impatient, agité… jusqu’à ce qu’il joue. Le joueur peut également jouer pour « oublier ». Le joueur utilise le jeu comme source de fuite à ses problèmes, ses difficultés ou son stress.
Comment faire pour aider son adolescent ?
Déjà faut-il découvrir ou savoir s’il place des paris sportifs. Et même si ce n’est pas encore le cas, ce ne sera plus qu’une question de temps avant que la tentation ne se présentera à lui. Une discussion ouverte est probablement le plus approprié dans un premier temps. Si en tant que parent vous ne savez pas comment abordé le sujet ou comment aider votre enfant, n’hésitez pas à consulter un coach de vie ou psychologue ou thérapeute ayant cette spécialité. Car effectivement, ce n’est pas toujours simple de trouver les mots justes et les bons arguments pour convaincre son enfant de ne pas placer de paris sportifs. Autant se faire conseiller par des professionnels qui seront de bon conseilles. Mais si votre enfant est déjà accro aux jeux d’argents, alors le faire aider par un psychologue ou psychothérapeute sera d’un grand bénéfice. Les psychothérapies sont différentes selon les joueurs. Elles débutent le plus souvent par des entretiens de motivation, afin d’évaluer avec le patient sa motivation à arrêter de jouer, ses objectifs. Puis une thérapie visant à modifier le comportement problématique, combattre sur les fausses croyances (maîtrise du hasard… probabilités). Enfin, il y a un travail d’analyse sur les origines de la dépendance et du comportement problématique.
Face à l’addiction, Il est important d’occuper son temps, afin de ne pas être tenté de rejouer. Remettez votre adolescent à la pratique de loisirs qu’il a pu délaisser lorsque le jeu a pris une place trop importante dans sa vie.
Comment bloquer l’accès aux sites des jeux d’argent
En pratique, vous pouvez placer un contrôle parental sur tous les smartphones, tablettes, PC et Mac que vous possédez dans votre maison. Cela rendra peut être l’accès à certains sites de paris sportifs plus difficile, mais ne vous faites pas d’illusion, il est fort facile de contourner les contrôles parentales. De plus, les sites en question ont bien compris les enjeux et permettent d’accéder à leurs plateformes via des sites partenaires. Et sans parler de tous les sites de paris sportifs illégaux. En d’autres termes il vous sera quasiment impossible de bloquer l’accès à tous les sites de paris sportifs en installant un contrôle parental sur vos appareils connectés à l’internet. Autant avoir une discussion constructive avec son enfant.
L’addiction aux jeux d’argent en quelques chiffres
- 250.000 belges se trouvent sur la liste noire de la Commission des jeux de hasard et ne peuvent plus accéder aux sites de jeux de hasard.
- 630.000 belges ont parié plus d’un milliard d’euros sur internet en moins d’un an.
- 10,32€ est la mise moyenne.
- 164.000.000 de personnes au monde placent de temps à autres un pari en ligne en utilisant leur smartphone ou tablette. Ce chiffre ne tient pas compte des paris en ligne par le biais d’un PC ou Mac.
Les actions du gouvernement
Koen Geens, Ministre de la Justice belge, a adapté en mai 2018, et ceci dans le cadre du Mondial de football, la loi sur les jeux de hasard et plus particulièrement les paris sportifs.
Une campagne médiatique #FautAimerPerdre a été lancé, mais nous ne l’avons pas vu passer. Ci-dessous vous trouverez la campagne d’information pour sensibiliser la population aux risques liées aux paris sportifs.
Le site https://www.aide-aux-joueurs.be/ contient des informations sur l’addiction aux jeux de hasard et un test est disponible en ligne pour évaluer si vous êtes accro ou pas?