Peu importe à quel point vous aimez votre partenaire, il y aura toujours des choses à son sujet qui vous énerveront. Ceux-ci peuvent être assez superficiels – ne pas aimer la façon dont il/elle plie le linge, par exemple, ou détester son émission de télévision préférée. D’autres problèmes peuvent être plus graves – des échecs fondamentaux de communication ou des désaccords sur de grandes décisions comme avoir des enfants. Il est également prouvé que nous continuons à répéter ces schémas dans de nouvelles relations, même lorsque nous espérons voir un changement.
Mais si tous les couples se disputent, ils ne le font pas tous de la même manière. Les techniques de gestion des conflits ont été explorées par François Bogacz et l’équipe de l’Université de Genève dans une nouvelle étude publiée dans Humanities and Social Sciences Communication [1]. Les résultats de l’étude suggèrent que la médiation – négociation facilitée par un tiers neutre tel qu’un thérapeute ou un conseiller – peut être le meilleur moyen pour les couples de résoudre un conflit grave.
L’étude
Les participants étaient des couples romantiques hétérosexuels qui étaient en couple depuis plus d’un an. Environ un mois avant le début de l’expérience, les participants ont répondu à un certain nombre de questions de mesures. L ‘«échelle d’ajustement dyadique» a été utilisée pour mesurer la qualité des relations, les participants indiquant à quelle fréquence ils ne sont pas d’accord avec leur partenaire sur des questions allant des questions religieuses, du sexe et de la philosophie de vie aux travaux ménagers et aux loisirs. L’échelle couvrait également la fréquence à laquelle les participants pensaient se séparer de leur partenaire et la fréquence à laquelle il y avait des désaccords importants.
Les chercheurs ont également mesuré la compétence émotionnelle des participants (c’est-à-dire dans quelle mesure une personne comprend ses propres émotions et celles des autres) ainsi que la pleine conscience dispositionnelle (c’est-à-dire comment une personne peut être présente dans l’instant). Enfin, les participants ont indiqué comment ils réagissent avant, pendant et après les conflits avec les personnes dans leur entourage (privé et professionnel). Ces réponses ont révélé à quel point les participants utilisaient quatre styles de conflit différents: actif-constructif (bon pour prendre le point de vue des autres), passif-constructif (retarder et envisager une réponse au conflit), actif-destructeur (exprimer ouvertement la colère) et passif-destructeur (en évitant complètement les conflits).
Juste avant l’expérience, les participants ont également évalué leur humeur et indiqué à quel point ils se sentaient proches de leur partenaire à ce moment-là. Ensuite, ils ont été invités à choisir un sujet de discussion parmi ceux les plus souvent signalés comme sources de désaccords.
Les couples en situation de non-médiation (défini ici comme « condition de contrôle », donc discussion en tête-à-tête) ont ensuite été invitées à discuter du sujet controversé pendant une heure sans aucune orientation et sous la surveillance d’un observateur silencieux, tandis que celles en condition de médiation ont vu leur discussion animée par un tiers neutre utilisant un modèle de médiation facilitatrice, à travers lequel les partenaires parviennent à une solution collective en explorant les intérêts, les sentiments et les points de vue de chacun.
Après l’expérience, les participants ont évalué le niveau de désaccord, leur niveau de satisfaction à l’égard de la discussion et leur niveau de satisfaction à l’égard du processus de la discussion, et ont indiqué s’ils avaient effectivement abouti à une résolution sur le sujet en question.
Conclusions de l’étude
L’équipe a constaté que les couples dans la condition de médiation étaient plus susceptibles de parvenir à une résolution: 36 des 38 participants à la condition de médiation ont déclaré parvenir à un accord, contre 26 sur 38 dans la condition de contrôle. Les participants qui avaient suivi le processus de médiation se sont également sentis plus proches de leurs partenaires après la discussion, alors qu’il n’y avait aucun changement dans la proximité pour ceux dans la condition témoin.
La façon dont les participants ont déclaré avoir géré un conflit était également liée à d’autres aspects de leur personnalité et à leurs sentiments au sujet de leurs relations. Les profils actifs-constructifs et passifs-constructifs étaient positivement associés à la pleine conscience, tandis que ceux qui étaient passifs-destructeurs étaient moins susceptibles d’être conscients et présents sur le moment. Les participants qui se sont jugés plus compétents sur le plan émotionnel avaient également tendance à se dire plus satisfaits de leur relation.
On ne sait pas si les couples auraient réagi de la même manière dans un cadre réel. La présence d’un observateur silencieux peut avoir affecté la façon dont les participants à la condition de contrôle ont géré le conflit – crier sur votre partenaire au sujet de ses pires qualités est susceptible d’être assez inconfortable et inhibé devant quelqu’un d’autre, alors que chez soi entre nos quatre murs il est fort probable qu’on se lache complètement.
Mot de la fin
De nouvelles recherches pourraient se concentrer sur les raisons pour lesquelles la médiation fonctionne, ainsi que sur les différents types de méthodes de facilitation. Il existe également des pistes intéressantes à explorer autour du contenu des conflits. Alors qu’en surface, une dispute peut sembler être simplement de savoir qui fait la vaisselle le plus, il est probable qu’il y ait d’autres facteurs en jeu. La vaisselle ne serait qu’un substitut pour des problèmes plus profonds de compatibilité, de personnalité ou de politique.
Ce qui ressort clairement de l’étude, c’est que certains traits de personnalité ou compétences peuvent aider à résoudre les conflits. Ce ne sont pas des choses impossibles à maîtriser – la compétence émotionnelle est au centre de nombreux types d’intervention thérapeutique individuelle. Mais pour ceux qui n’ont pas ces caractéristiques ou qui ont du mal à les encourager, la médiation par une tierce personne semble être une option pleine d’espoir.
Trouvez un/e thérapeute de couple ici.
Références :
[1] https://www.nature.com/articles/s41599-020-00622-8#Sec1Source : https://www.nature.com/articles/s41599-020-00622-8
Photo de Roberto Nickson sur Unsplash