C’est la question que chaque nouveau parent se pose. Et vous trouverez autant de personnes qui vous répondrons oui ainsi qu’autant de personnes qui vous répondrons par la négative.
Il y a ceux qui pensent qu’il ne faut pas réagir à chaque pleure de son bébé, sans quoi bébé aura vite compris qu’il lui suffit de braillé un bon coup pour que papa ou maman déboule dans la minute qui suit pour le prendre dans ses bras.
Et puis il y a les autres qui vous dirons que pleurer est le seul moyen pour un bébé de communiquer. S’il pleure c’est qu’il a faim, ou qu’il a froid ou qu’il a trop chaud ou ….
Pas évident, n’est-ce pas ?
Des chercheurs se sont penchés sur la question si laisser pleurer le bébé a un ou pas sur son développement. A défaut de ne pas pouvoir clarifier s’il faut le laisser pleurer ou pas, les conclusions de leur recherche pourrait soulager la conscience de certains parents.
Laisser un bébé «pleurer» de la naissance jusqu’à 18 mois n’affecte pas négativement son développement comportemental ou son attachement, ont découvert des chercheurs de l’Université de Warwick. Ils ont également découvert que ceux qu’on laissait pleurer, pleuraient moins et pendant une durée plus courte à l’âge de 18 mois.
Le développement et l’attachement d’un nourrisson à ses parents ne sont pas affectés par le fait de le laisser «crier» et peuvent en fait diminuer la quantité des pleurs et ainsi que leur durée.
Des chercheurs de l’Université de Warwick ont publié aujourd’hui, le 11 mars 2020, dans le Journal of Child Psychology and Psychiatry, le document intitulé « Parental use of ‘cry it out’ in infants: No adverse effects on attachment and behavioural development at 18 months ».
Dans le document, ils traitent d’une question qui est fortement discutée sur les sites Web et forums pour parents et tout cela sans beaucoup de preuves scientifiques: devriez-vous toujours intervenir immédiatement lorsque votre bébé pleure?
Les chercheurs ont suivi 178 nourrissons et leurs mamans pendant 18 mois et ont évalué à plusieurs reprises si les parents étaient intervenus immédiatement lorsque le bébé pleurait ou le laissaient pleurer plusieurs fois ou souvent. Ils ont constaté que cela n’avait guère changé le développement du bébé à 18 mois.
En fait, ils ont constaté que laisser les bébés pleurer quelques fois à terme et souvent à l’âge de 3 mois était associé à une durée de pleurs plus courte à l’âge de 18 mois.
Les parents laissant leur bébé pleurer ont été évalués via un rapport parental effectué au 3ième, 6ième et 18ième mois et l’étude sur la durée des pleurs à terme, au 3ième et 18ième mois. La durée et la fréquence des agitations et des pleurs ont été évaluées aux mêmes âges.
La sensibilité de la mère à l’interaction avec son bébé a été enregistrée sur vidéo et évaluée à 3 et 18 mois.
L’attachement a été évalué à 18 mois à l’aide d’une procédure expérimentale de référence, « le test de situation étrange », qui évalue à quel point un nourrisson est attaché au principal fournisseur de soins pendant les épisodes de séparation et de réunion.
Le développement comportemental a été évalué par observation directe en lien avec la mère et lors de l’évaluation par un psychologue, ainsi que par le biais d’un questionnaire rempli par les parents à 18 mois.
Les chercheurs ont découvert que le fait que les parents contemporains répondent immédiatement ou laissent leur enfant le crier plusieurs fois ne fait souvent aucune différence sur la relation à court ou à long terme avec la mère ou le comportement des nourrissons.
Cette étude montre que les 2/3 des mères maternise intuitivement et apprennent de leur bébé. Ce qui signifie qu’elles interviennent immédiatement lorsque le bébé vient de naître, mais en vieillissant, la mère attend un peu pour voir si le bébé se calme, afin qu’il apprenne à s’autoréguler.
Cette «réponse différentielle» permet à un bébé d’apprendre au fil du temps à s’autoréguler pendant la journée et également pendant la nuit.
Le Dr Ayten Bilgin du Département de psychologie de l’Université de Warwick commente: « Seules deux études précédentes, il y a près de 50 ou 20 ans de cela, avaient cherché à savoir si laisser les bébés » crier » affectait le développement des bébés. Notre étude documente la parentalité contemporaine au Royaume-Uni et les différentes approches utilisées.
Le professeur Dieter Wolke, qui a dirigé l’étude, commente: «Nous devons accorder plus de crédit aux parents et aux bébés. La plupart des parents s’adaptent intuitivement au fil du temps et sont à l’écoute des besoins de leur bébé, attendent un peu avant d’intervenir quand le bébé pleure et permettent à leurs bébés d’apprendre à s’autoréguler. La plupart des bébés se développent bien malgré que leurs parents soient intervenus immédiatement ou pas quand leur bébé pleurait. »
Référence
Ayten Bilgin, Dieter Wolke. Parental use of ‘cry it out’ in infants: no adverse effects on attachment and behavioural development at 18 months. Journal of Child Psychology and Psychiatry, 2020; DOI: 10.1111/jcpp.13223